|
|
|
![]() |
Résumé : Cas unique dans l'Histoire de par sa confrontation avec la religion musulmane, le mystique majorquin Raymond Lulle qui se disait "christianus arabicus" voulait convertir les infidèles par "raisons nécessaires" et cela sur la base des conceptions philosophiques communes aux chrétiens et aux musulmans fruits de la synthèse faite entre le platonisme et l'aristotélisme par les philosophes hellénisants musulmans, les falâsifa ainsi que sur la base des idées "scientifiques" de l'époque qui s'appuyaient sur les écrits de l'alchimiste musulman persan Jâbir ibn Hayyân al-sûfi dont l'autre franciscain Roger Bacon écrivait qu'il était le "maître des maîtres". Henry Corbin, dans ses intéressantes études sur le shî'isme iranien, tend à montrer l'opposition radicale entre la mystique musulmane fondée sur la théologie apophatique de l'être unique et sur ses multiples manifestations théophaniques et la mystique chrétienne proposant l'incarnation d'une des personnes de la tri-unité divine. Pourtant il reconnait lui-même que "l'imâmologie en théologie shî'ite est quelque chose comme l'homologue d'une christologie en théologie chrétienne" (Histoire de la philosophie islamique p. 145). Le sujet est d'une grande importance car il ne touche pas uniquement le rapport entre chrétiens et musulmans. On le retrouve aussi dans la querelle du Filioque entre Latins et Orthodoxes; ceux-ci insistant sur la "monarchie" du Père ayant seul la qualité de principe (arché) et de cause (aitia) et reprochant aux Latins leur "christomonisme" dans lequel le Saint Esprit n'est plus qu'un vicaire du Fils. Pour les Carmates, la venue du Bayân se situera à la fin de l'Histoire tandis que pour les chrétiens, le Christ s'est déjà incarné mais on sait qu'il est de nouveau attendu.
|
|