La doctrine de Raymond Lulle à propos du concept de l'intention

RABAT Gerard

 

 

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    Résumé : Le mystique catalan Raymond Lulle se dénommait lui-même "christianus arabicus" et son oeuvre ne peut être comprise sans la connaissance des penseurs musulmans et en particulier les Falasifâ, les philosophes musulmans hellénisants. Dans un but missionnaire, il fut un des rares penseurs médiévaux a tenter une synthèse entre la culture chrétienne et la culture musulmane qui lui permit d'entrevoir une controverse avec les infidèles basée, par-delà les arguments d'autorité, sur le seul recours aux "raisons nécessaires". Il alla jusqu'à penser qu'il était plus "convenable de laisser la croyance pour la science" , une "science" qui démontrait tous les articles de la foi chrétienne. Surnommé le "docteur illuminé", il écrivit dans son autobiographie que son "Grand Art" lui avait été révélé sur le Mont Randa situé au centre de l'île de Majorque. Objets de persécution de la part du Grand inquisiteur d'Aragon, Nicolas Eymerich (Girona 1316-1399) qui nous a laissé un "dialogue contre les lullistes", ses disciples valenciens sous l'autorité de Pierre Rossell admettaient cette dimension divine de la doctrine de leur maître qui avait, à leurs yeux, supplanté celle de Saint Augustin. Un temps condamnée en 1376 par la bulle contestée conservationi puritatis du Pape Grégoire XI, l'oeuvre de Raymond Lulle fut réhabilitée par une sentence du Pape Martin V datée de 1419. Néanmoins, les attaques contre le lullisme ne cessèrent pas pour autant et au temps du Pape Paul IV notre Raymond fut inclus en 1559 dans la liste des auteurs proscrits mais en 1563 le Concile de Trente annula l'interdit et le sortit définitivement de l'index. A noter qu'en 1590 du temps du Pape Sixt V on tenta mais en vain d'inclure à nouveau les traités lulliens dans les textes condamnés. Le lullisme fut aussi philosophiquement attaqué tout au long de l'Histoire comme par exemple par le bénédictin Feijoo ou le chancelier de l'Université de Paris Jean Gerson sans parler des moqueries de René Descartes mais, à partir du XVII°, plus jamais son orthodoxie ne fut mise en doute. Notre Raymond fut même déclaré bienheureux et certains demandent encore sa canonisation.  

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